14.9.07

« J'étais franc-maçon ! »

« Oui, j'ai été franc-maçon pendant quinze années et j'ai eu l'insigne. Une grâce que Jésus vienne à ma rencontre à Lourdes avec douceur, alors que je venais d'avoir cinquante ans ! Ma vie de païen endurci ne laissait pas espérer une telle conversion... ». Maurice Caillet, ancien franc-maçon et occultiste, a vécu à 50 ans un retournement inattendu de sa vie en découvrant le message libérateur de l'Evangile. Témoignage d'une conversion brutale.

Maurice Caillet

À 50 ans, Maurice Caillet était engagé depuis quinze ans dans la franc-maçonnerie. Chirurgien, libre-penseur, il s’intéressait à l’ésotérisme et à l’occultisme ; anticlérical convaincu, il était l’un des promoteurs de I’IVG en Bretagne et avait pratiqué de nombreux avortements...

« Au cours de l'année 1983, mon épouse tombe gravement malade. Ni les médecins ni les guérisseurs ne parviennent à améliorer son état. Mû par une impulsion peu originale, et en désespoir de cause, je décide de l'emmener à la montagne, à Font-Romeu, dans les Pyrénées Orientales. Là, cependant, aucun signe d'amélioration ne daigne se manifester. C'est alors que me traverse l'idée - bien saugrenue, il faut l'avouer, pour un matérialiste francmaçon de mon espèce - de passer par Lourdes en remontant vers la Bretagne. Si l'endroit n'était certainement pas pour moi lieu privilégié de la Grâce, il se révélerait peut-être, pensais-je alors, une sorte de creuset particulier "d'énergies" effectives, un point de concentration privilégiée de puissances "cosmo-telluriques", ou de je ne sais quoi de potentiellement générateur d'un choc psychologique aux effets bénéfiques.

Par un petit matin de février glacial, je conduisis ainsi mon épouse aux piscines. Tandis qu'elle s'y baignait, cherchant un endroit pour m'abriter du froid, voici que je pénètre dans la crypte au moment précis où débutait une messe de semaine. Jamais de ma vie je n'avais réellement écouté une messe. Là, assis au fond, j'ai écouté attentivement. A un moment donné, le prêtre s'est levé pour proclamer l'Évangile du jour : « Demandez et l'on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez et l'on vous ouvrira. » (Mt 7 ; 7). Le choc. Cette phrase, utilisée dans les rituels francs-maçons d'initiation au grade d'apprenti, m'était bien familière ; mais en cet instant j'apprenais non sans trouble qu'elle avait été prononcée à l'origine par Jésus, celui que je tenais confusément pour un grand philosophe, ou un grand initié. Le prêtre s'est assis, et, dans le silence qui a suivi, j'ai très nettement entendu une voix, infiniment douce, résonner dans ma tête. Elle disait : « C'est bien, tu demandes la guérison de Claude. Mais toi, qu'as-tu à offrir ? ». De ce que pouvait être l'offrande je n'avais absolument aucune notion ; et cependant, en l'intervalle de quelques secondes, je n'ai vu que moi à offrir.

A l'issue de la messe j'ai rejoint le prêtre dans la sacristie, lui demandant tout de go s'il pouvait me baptiser. Devant sa surprise j'ajoutais que j'étais franc-maçon. A peu près comme s'il avait aperçu un diable dans un bénitier, il bredouilla quelque chose comme : « Ouh…alors là c'est un peu compliqué, il va falloir aller voir l'Archevêque de Rennes, et puis… ». Légèrement froissé, je redescendis à la grotte où m'attendait, frigorifiée, mon épouse. Je lui demande comment l'on fait un Signe de Croix, comment on récite le Notre Père. Elle croit d'abord à de l'ironie, mais constate mon émotion. Toutes mes convictions philosophiques tombent les unes après les autres en l'espace de quelques minutes. Puis les jours qui suivent voient se développer mon avidité de connaître les prières, l'Évangile, les fondements de la foi ; je me mets à lire les Pères de l'Église...

A Rennes, je rencontre des amis rosicruciens appartenant également, sans contradiction apparente, à une Église orthodoxe gallicane, en filiation avec l'Église de Roumanie, et qui m'aident à y être accueilli. Au cours de la veillée pascale suivante, en larmes et profondément bouleversé, je reçois le baptême, avec, de surcroît, après 13 mois d'alitement, la grâce de la guérison de mon épouse. J'effectue alors une année de propédeutique en théologie pour combler mes lacunes dans le domaine religieux. En 1987, de plus en plus gêné par la concentration de marginaux dans cette Église gallicane où s'opérait un farfelu mélange de rosicruciens, de spirites et autres, et saisi par ailleurs d'une profonde admiration pour Jean-Paul II - en particulier pour ses efforts en faveur de l'oecuménisme -, j'ai demandé mon passage dans l'Église Catholique. Et les grâces continuèrent de se succéder. Sur le conseil d'un moine bénédictin mon épouse et moi-même, tous deux divorcés remariés, obtînmes de pouvoir nous marier à l'Église, après une dispense de Rome pour l'un et la reconnaissance de nullité pour l'autre. Nous permettant d'entrer tous deux en plénitude dans l'Église, le Sacrement commença alors de déployer son Mystère, renouvelant en profondeur et jusque dans son intimité notre relation matrimoniale.

Par la suite il nous a été donné de rencontrer le Renouveau Charismatique, et de recevoir l'effusion de l'Esprit Saint. Ce fut, si l'on peut dire, comme une seconde conversion - celle du coeur. Mon épouse reçut ce que l’on appelle un charisme de connaissance et de guérison, et dans un nouveau cabinet médical nous avons assisté à des guérisons extraordinaires qui constituèrent le fondement de mon dernier livre, « Rien n'est impossible à Dieu » (Ed. du Sarment). Puis, à 60 ans, pleinement disponible pour témoigner, j'ai continué à écrire livres et fascicules. L'ancien franc-maçon que j'étais fut admis à l'association des écrivains catholiques tandis que le gynécologue matérialiste et pragmatique que je reconnaissais avoir été rejoignait la fondation Jérôme Lejeune, demandant personnellement le pardon de ce dernier... »

Aujourd'hui, donc, Maurice Caillet témoigne. Il a publié de nombreux livres où il raconte sa conversion, comme Rien n'est impossible à Dieu. L'un d'eux, Ocultisme ou christianisme, traitre des sujets suivants : l'ésotérisme, le spiritisme, la radiesthésie, magnétisme et guérison occulte, acupuncture, animisme, anthroposophie, gnose, homéopathie, nouvel-âge, ostéopathie, sophrologie, sourciers et sorciers, taï-chi-chuan, yoga...

Source : Anuncioblog


9.9.07

De l'Esotérisme et des Cathares : le fil ténu entre religion et croyances


Nouvelle chronique littéraire du psychanalyste Jean-Luc Vannier qui rassemble deux ouvrages portant sur les diverses manifestations de l’ésotérisme et sur l’histoire parfois oubliée des Cathares. Un lien étroit, au-delà de l’éloignement historique, unit pourtant ces deux spiritualités dont l’adhésion et la pratique requièrent une forme d’engagement de l’esprit aussi rigoureuse qu’individualisée.

Les enquêtes sociologiques confirment la tendance : une partie des Européens abandonne la pratique régulière des religions monothéistes pour adhérer à des croyances aux formes et aux contenus les plus variés. Le rejet d’un dogme intransigeant constitutif des premières profiterait ainsi aux secondes, en apparence plus souples et à la dimension humaine plus accessible. Au point d’oublier parfois que les différents éléments de l’ésotérisme émanent en général des traditions bibliques ou coraniques. D’où l’attention qu’il convient d’accorder à une récente publication des Editions « Tallandier » réalisée avec la collaboration du « Point » : « L’ésotérisme. Kabbale, franc-maçonnerie, astrologie, soufisme…les textes fondamentaux commentés ».

On découvrira avec un double intérêt, intellectuel et visuel, un ouvrage fort bien documenté, didactique comme une rentrée des classes mais plaisant par sa facture artistique. Ce mélange des genres, entre dictionnaire et livre d’art, rend accessible une connaissance des courants de pensées les plus anciens aux mouvements ésotériques les plus contemporains.

Ces commentaires éclairés et illustrés, présentés sous la forme de dossiers séparés et consultables comme des fiches, ne se contentent pas de nous retracer l’apparition des cultes à mystères et des sociétés d’initiés en Haute Egypte et dans la Grèce antique. En nous propulsant également dans le mysticisme chrétien de la Renaissance condamné puis partiellement réhabilité par l’orthodoxie vaticane, en nous expliquant l’apparition de la kabbale juive du XIIème siècle en réaction aux abstractions du judaïsme, en insistant enfin sur l’universalisme du soufisme centré sur sa promesse d’amour, les spécialistes rassemblés pour l’occasion démontrent la profondeur abyssale et rigoureuse de ces quêtes le plus souvent entreprises par des individus isolés.

L’être moderne, en recherche sur lui-même, sera probablement touché par la beauté de certains passages issus de textes anciens et souvent ignorés d’un large public. Impressions à même de lui rappeler l’authenticité d’un cheminement, bien éloignée des ésotérismes de façade et sur mesure que ce dernier se plaît à pratiquer comme une discipline sportive du week-end.

Une « ascèse personnelle particulièrement rigoureuse », mélange de gnose et de christianisme primitif, fut également source d’inspirations des « bons hommes et des bonnes femmes » dont Anne Brenon nous propose de découvrir les priorités spirituelles dans un livre passionnant, véritable immersion dans l’univers mystérieux des Cathares.

Alors que la Réforme grégorienne à l’œuvre depuis le milieu du XIème siècle tente, selon l’auteur, de « mettre en ordre le monde chrétien », cette « multitude d’hommes », adeptes d’un « ordre religieux très ritualisé », fonde son existence sur une stricte interprétation de l’évangile johannique mettant en exergue l’opposition radicale entre Dieu et le monde.


Non contents d’admettre également des femmes au sein de leur Eglise les Cathares puisent également leur force dans leur insertion au plus intime des villages, notamment par le phénomène de la « maison cathare », sorte d’établissement religieux de proximité en plein cœur de la cité et aussi accessible qu’un habitat de particulier. Autant de critères qui ne répondent évidemment pas aux normes définies par Rome. L’Eglise catholique a tôt fait de les tenir pour des hérétiques, d’où leur nom ultérieur de Cathares (probablement dérivé du « Katze » allemand, le « chat » considéré comme un animal diabolique). Le docétisme qui pousse ces lettrés et prélats à refuser la nature humaine du Christ, les amène également à réfuter sa souffrance sur la Croix, instrument d’une torture qu’il faut, selon eux, plutôt vilipender que vénérer. Cette religion articulée autour de la négation du sacrement de l’autel s’implante en profondeur au début du millénaire dans les « domaines de l’aristocratie rurale » situés en Occitanie (Narbonne, Toulouse, Albi…) et, plus curieusement, en Italie du nord où leurs églises connaissent avant la fin du XIIème siècle un développement considérable. Au point, nous dit Anne Brenon, d’interdire dans un premier temps à l’Eglise romaine « d’exercer la moindre répression ».

Cette dernière ne tardera toutefois pas à venir. Avec force procès et bûchers, la puissante machine inquisitoriale mettra presque une centaine d’année à venir à bout de ceux qui se voient en authentiques chrétiens apostoliques, victimes à leur tour d’une église persécutrice.

« L’Esotérisme. Kabbale, franc-maçonnerie, astrologie, soufisme…les textes fondamentaux commentés », Sous la Direction de Catherine Golliau, Textes choisis et commentés par Armand Abécassis, Xavier Accart, Réza Moghaddassi, Olivier Souan et Eric Vinson, Editions Tallandier, 2007, 130p., 15 euros.