29.2.08

Qui a peint Mathurine ?


Un couple de retraités costarmoricains est persuadé qu’il a trouvé l’un des tout derniers tableaux de Léonard de Vinci. Les experts refusent de se prononcer.


La vie de Christiane et de Claude a basculé il y a 16 ans. « Je suis tombée en arrêt devant cet étrange tableau, dans un dépot-vente de Lannion (22); pas vraiment joli, mais dérangeant par ce regard dur, hypnotique. Je trouvais aussi qu’il avait quelque chose de la Joconde, une ébauche de sourire, les mains croisées. Je n’ai pas dormi de la nuit. Le lendemain matin, j’ai couru l’acheter ».

Légué à sa servante ?

Depuis, Christiane n’a eu de cesse de chercher la vérité, dévorant des centaines d’ouvrages. Dans le « François I e r » d’André Castelot, elle découvre que Léonard de Vinci, qui a fini sa vie en Touraine, a légué à sa servante, Mathurine, un habit de drap noir garni de peaux, une coiffe de drap et dix ducats. Et c’est bien un habit de ce type, de même que la coiffe - difficile à rapprocher de quelque origine régionale - que porte la femme du tableau. En réalité, un dessin à la pierre noire, confirmé en laboratoire. C’est là que l’affaire devient piquante.
« J’ai découvert qu’à la fin de sa vie, Léonard de Vinci ne peignait plus mais dessinait... à la pierre noire, handicapé par une hémiplégie. Or, que sont cette bouche déformée et cette main droite soutenue par la gauche, si ce n’est le signe de ce genre d’attaque » ?

Symboles ésotériques

Élucubrations ? L’analyse du papier révèle qu’il est fait de chèvenote, déchets de chanvre ou de lin couramment fabriqué au XVI e siècle. Par ailleurs, intriguée par le caractère illogique des plis de l’habit, la coiffe impossible à identifier ou le visage à double facette - un côté rude, très masculin et un côté doux, féminin - Christiane veut en savoir plus. Elle se souvient que Léonard de Vinci était adepte de l’ésotérisme. Elle va donc se servir de la « Table d’Émeraude » d’Hermès. Un jeu de miroirs qui, selon Christiane, révèle de troublants détails : « Notamment Io, la vache de la mythologie grecque et l’étoile de David. Dans les plis du manteau se cachent aussi le cœur, la croix, le rat ou le lys. Au centre se dévoile la tête de Léonard lui-même. Quant à la coiffe, c’est un cygne ! Si on utilise le langage des oiseaux, le message est clair : rat, lys, le cygne, l’étoile cela veut dire, rallie le signe de l’étoile, c’est-à-dire celui de la connaissance. Quant au sanglier (le sang lié) c’est encore une référence à la religion juive, via la mère de Léonard ».

Un « testament »

Christiane a la conviction de détenir le testament de Léonard de Vinci. Problème : les experts se refusent à examiner le tableau : « Au Louvre, on se réfugie derrière le devoir de réserve et on nous dit que l’on peut faire dire n’importe quoi aux symboles ». Impossible, par ailleurs de trouver un expert privé. En revanche, « Mathurine » intéresse beaucoup de profanes et d’adeptes de l’ésotérisme. On aurait ainsi proposé au couple une importante somme d’argent. « Ce n’est pas le business qui m’intéresse dans cette affaire », explique Christiane. « J’ai simplement le désir que soit connu et se perpétue ce message de tolérance et de connaissance, de foi dans le libre arbitre de l’homme, si cher à Léonard ». Chimère ? Peut-être mais qui intéresse tout de même 12.000 visiteurs chaque mois sur le site créé par un ami.

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